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La psyché de Gabriella est quelque chose de tout à fait particulier. C'est une machinerie complexe et délicate, aux rouages sensibles et fragiles, mais capable d'une force surprenante. Oui, l'apparente jeune femme est capable de bien des choses.

Cette vampire est un sujet épineux. C'est une boule de paradoxes, une énigme de la nature, et il y a fort à penser qu'il y a toujours deux reflets à son image lorsqu'elle se regarde dans un miroir. Réellement mi-ange mi-démon, elle peut être délicate et sensible, aussi bien que laisser faire étalage d'une colère monstrueuse, volcanique et tenace dans ses positions. Aussi lunatique que le sont les marées, elle oscille, mi-figue mi-raisin, entre l'élégance et la voracité.

C'est, en fait, une femme dans sa représentation la plus commune, partageant sensualité avec mesquinerie. Ce caractère, aussi difficile à supporter dans ses excès de rage qu'enchanteur lorsqu'elle se décide à être adorable, est cependant très équilibré et dénué d'impulsivité, heureusement.

On peut donc facilement dire que Gabriella est autant capable du meilleur que du pire. Farouche et soumise à la fois, si elle n'a pas sa langue dans sa poche, elle s'exprime toujours d'une façon élégante et agréable, bien que parfois ses paroles soient dures pour ses auditeurs. D'un naturel plutôt doux, elle se moque complètement qu'on la prenne pour une bille, se disant finalement que tout se paie un jour. Il faut cependant savoir qu'elle fait une distinction très nette entre les paroles qui lui sont adressée à elle en tant que personne, et celles qui lui sont adressée en tant que favorite. C'est un point à ne jamais oublier, car si l'offense ne peut atteindre la femme, bien trop détachée pour prêter l'oreille à des médisances, elle peut atteindre au contraire la favorite, si tel est l'objectif, et alors, rien ne saurait préserver son offenseur d'une juste revanche. Lesdites revanches ne sont jamais physiques, toujours verbales. Mais, friande d'ironie, de cynisme et de sarcasme, Gabriella est extrêmement virulente avec sa langue; en effet, sa verve est vive à l'extrême et elle ne craint aucune joute verbale, maître en matière de piques particulièrement bien placées. Son esprit aiguisé et vif est à ne pas défier.
Sans préjugés d'aucune sorte, elle paraît lisse et sans avis de prime abord, pour mieux s'affirmer par la suite, lorsque toutes les clés lui sont en main.

Dépourvue de naïveté, elle sait pourtant bien feindre l'écervelée, pour mieux tromper son monde. N'y voyez pas là une quelconque mesquinerie, il s'agit tout simplement d'un mécanisme de défense, devenu automatique. Pas vraiment prude ni pudique, elle ne se donne pourtant que rarement en spectacle, et jamais lorsqu'elle peut l'éviter. C'est aussi une excellente menteuse. Elle sait précisément quelle expression donner à son visage, à ses yeux, les faire briller si besoin, comment jouer de sa bouche mais aussi et surtout du ton de sa voix pour rendre n'importe quel mensonge crédible. Don inné? Certes, non! Ce résultat est le fruit de longues heures d'observations et de nombreux échecs personnels. Mais le plus dur, lorsqu'on ment, ce n'est pas tant le mensonge en lui-même mais le contexte du mensonge. Aussi, la mémoire de Gabriella est, à l'instar de son esprit, très aiguisé. Elle sait très exactement ce qu'elle a dit et à qui, et met un point d'honneur à se souvenir de tout dans le but de ne jamais se trahir par des incohérences. C'est absolument vital, et bien sûr, ça n'est utilisé qu'en cas de besoin.

Secrète sur elle-même, elle ne s'ouvre pas pour qui le veut et parle très rarement d'elle. Plutôt vague, elle a toujours été douée pour entretenir un certain mystère autour de sa personne, que ce soit au sujet de son histoire ou de son caractère, elle est toujours capable d'étonner. Attentive, attentionnée et douce dans l'intimité, elle est aussi extrêmement passionnée, rêveuse et romantique.

Pour faire court, Gabriella est l'expression d'une femme qui sait tout aussi bien être soumise et dévouée que crier pour se faire entendre. Ses armes sont multiples, et l'emploi de ces dernières ne lui cause aucun remord. Elle est de celles qui peuvent égorger un être vivant tout en lui chantant une berceuse.

C'est une artiste, possédant l'âme et l'esprit libre caractérisant lesdits artistes. Elle ne marque ni les cœurs ni les esprits de prime abord, ce qui la rend facilement oubliable, mais une fois qu'elle a capté l'attention d'un tiers, et sait généralement s'y prendre pour cela, elle a l'art et la manière de se rendre rapidement indispensable, que ce soit voulu ou non. Ce trait de caractère, elle l'a toujours eu, et avec les années, elle ne sait toujours pas le maîtriser. Pauvre petite chose, n'est-ce pas?

A noter également que lorsqu'elle se sent à l'aise et "libérée", elle adore la légèreté, jouer sur les mots et avec leur sonorité... Et les objets brillants. De valeur ou pas, ce qui brille l'attire aussi sûrement que la lumière attire un papillon de nuit. Elle a aussi une petite préférence pour les améthyste, les grenats, et les diamants jaunes et roses.

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Aussi loin que peut remonter sa mémoire, Gabriella n’a jamais eu à souffrir de moqueries, que ce fut dans sa prime jeunesse, à l’adolescence ou encore après sa transformation vampirique. Peut-être parce que physiquement parlant, il n’y a rien à lui reprocher ?

Même avant d’être vampire, c’était une très jolie jeune femme. Elle n’avait certes pas la finesse des belles italiennes, mais ses courbes toutes en volupté laissaient rêveurs les messieurs qui croisaient sa route. De sa bouche au pulpe appréciable, vêtue d'une jolie robe couleur pêche, à sa longue chevelure couleur chocolat, Gabriella n’a toujours été que sensualité. Mais pas question d’exhiber tout cela avec des vêtements que la décence désapprouverait. Du moins, pas tout le temps.

Perché sur une paire de jambes interminables, fines et élancées, le postérieur de l’humaine qu’elle était était ferme et rebondit, lui-même surplombé d’une taille fine, au creux marqué d’une manière tout à fait féminine. Son buste, sa poitrine, ses épaules… La totalité du reste de sa physionomie était harmonieux, bien dessiné. Quant à son visage, qu’il soit humain ou vampire, il n’a connu aucun changement majeur, si ce n'est la sublimation de ses traits.

Les traits de son visage, donc, étaient et sont restés fins et délicats. Ses lèvres étaient et sont restées charnues, son nez droit, ses pommettes aux contours doux et son sourire fait et a toujours fait naître de petites fossettes, creusant d’une façon mignonne ses joues. Elle a toujours pris soin d’entretenir sa dentition, plus encore maintenant qu’elle est vampire, et elle a eu la chance de l’avoir bonne, on peut donc dire que ses dents sont droites et blanches. Sa transformation vit venir l’allongement significatif de ses canines, mais ça, ça n’est pas exceptionnel. Quant à ses yeux… Ils sont le détail qui " tue ". Non non, elle n’a pas des yeux revolvers, elle ne regarde pas les gens comme si elle voulait les tuer… Enfin pas toujours. Mais disons qu’ils sont… Un peu spéciaux.

Dépareillés. L'un bleu et l'autre vert. Lac pour l'un, forêt dense pour l'autre, à chacun sa couleur. De forme légèrement allongée, ils sont un théâtre sur la scène duquel se jouent ses émotions, et dont ses longs cils noirs sont les rideaux, interrompant régulièrement le spectacle. Gabriella est quelqu’un de très expressif. C’est un avantage non négligeable que pourtant personne ne soupçonne. Sous prétexte qu’il est très facile de lire sa déception, sa joie ou encore sa malice, certains la soupçonnent de ne pas savoir mentir. Grave, très grave erreur ! Comme dit précédemment, la vampire est l’une des meilleures menteuses qui aient jamais existé, précisément parce que, sous prétexte que tout le monde l’en croit incapable à cause de la facilité avec laquelle on peut, ou croit pouvoir, lire sur son visage le fond de sa pensée, elle peut dire ce qu’elle veut, chacun croira que c’est la vérité. De ce fait, oui, son visage est particulièrement expressif, mais c’est l’une de ses meilleures armes.

Et ces armes restèrent inchangées, si ce n'est leur éclat qui se vit légèrement rehaussé, lors de la transformation. Aucun changement mirobolant donc, pour cette femme devenue vampire, juste quelques détails comme l'affinement de sa taille, de sa silhouette et l'embellissement de ses cheveux. On peut aussi relever une certaine fluidité dans ses mouvements accrue, elle est plutôt féline et menaçante dans ses déplacements, gracieuse et agile. Enfin, ça c’est comme n’importe quel autre vampire.

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C'est en 1475, il y a bientôt 90 ans, que Gabriella ouvrit les yeux pour la première fois. Troisième et dernière enfant d'une riche famille de nobles mécènes, elle était pourtant la première de leurs filles. Et quelle fille... Petite déjà, il était impossible de la faire tenir en place. Curieuse de tout, elle passait son temps à poser des questions, à fouiller, à expérimenter... Deux nourrices n'étaient pas de trop pour pouvoir à sa sécurité, sujet dont elle se moquait éperdument. C'était souvent un problème pour ses parents, puisqu'ayant une vie sociale très développée de par leur statut privilégié, il arrivait fréquemment qu'ils organisent bal et réception dans la villa qu'ils possédaient aux abords de la ville-lagune, et en ces occasions, ils ne manquaient jamais de craindre une apparition en délire de leur fille cadette. Vous vous demanderez probablement pourquoi ils ne l'ont pas enfermée? Tout simplement... Parce que c'étaient des gens honnêtes et des parents aimants. Alors oui, ils redoutaient les frasques publiques de leur petite fille, mais pour rien au monde ils ne l'auraient empêchée de s'exprimer. C'aurait été malvenu pour un couple de mécènes, donc censés encourager tous les modes d'expression, non? Alors, lors de ces fêtes, elle était laissée aux soins de ses deux frères aînés, ayant respectivement 5 et 7 ans de plus qu'elle. D'autre part, la particularité des yeux de Gabriella ayant marqué toute personne l'ayant rencontrée, outre ses frasques, il était difficile de l'oublier. De ce fait, nombreux auraient été les gens à se questionner sur son absence lors de bals à la résidence Vittore.

Outre les ambiances de fêtes et de cotillon, Gabriella a grandit dans un milieu des plus privilégié. Ses parents, marchands de tissus, n'avaient jamais vu leurs affaires aussi florissantes. C'est cette aisance qui leur permit de mener grand train de vie et, en grands admirateurs d'arts, de devenir mécènes. Ils encourageait surtout la peinture et la sculpture, mais il arrivait que quelques musiciens trouvent grâce également à leurs yeux. Quant à l'éducation de leurs trois enfants, elle était aussi variée que possible. Les parents de Gabriella et de ses frères prenaient très à coeur de cultiver et développer les esprits de leurs, enfants afin que plus tard ils soient tous avisés dans leur choix, et puissent évoluer dans le grand monde sans la moindre gène due à un manque de culture.
Gabriella, elle, commença par se passionner pour les langues. Aussi, elle apprit l'Italien, sa langue de naissance bien sûr, mais aussi le français, l'arabe, l'espagnol, le grec et bien sûr le latin. Douée dans cet apprentissage, elle servit très jeune d'interprète à son père, et l'accompagna souvent dans ses pérégrinations autour de la Méditerranée, et même parfois un peu plus haut, afin de parfaire ses connaissances de la langue.

Quand elle eut environ quinze ans et commença à devenir une femme, son père renonça à l'emmener avec lui, trop inquiet à l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose, alors elle se retrouva avec beaucoup de temps de libre. Elle commença par s'essayer à la musique, en jouant du clavecin, mais cet instrument ne l'inspira pas des masses, et elle préférait d'avantage s'ébattre en plein air, faisant du cheval avec ses frères, plutôt que de travailler son solfège.
Elle se découvrit cependant une passion pour la peinture en approchant des seize années, en accompagnant sa mère jusqu'à l'atelier de l'un de ses nouveaux protégés. Elle fut complètement fascinée par ses oeuvres, par l'énergie et l'intensité des sentiments que pouvait dégager une toile... Alors, elle demanda à sa mère l'autorisation de s'y essayer. Toutes les jeunes femmes de l'époque avaient à apprendre à dessiner des croquis, Gabriella n'échappa donc pas à cette règle. Cela dit, peindre et dessiner étaient des choses radicalement différentes. Néanmoins, si la jeune femme n'était pas très douée pour le dessin, elle l'était cependant beaucoup plus à la peinture. A l'aquarelle notamment, ainsi qu'à la peinture à l'huile. Lancée dans son exercice, elle ne voyait plus le temps passer, et il lui arrivait bien parfois de peindre toute une journée sans s'arrêter, pour ne cesser finalement que lorsqu'elle avait trop mal aux yeux, ou plus assez de lumière, pour y voir clair.
Ses parents devinrent ses propres mécènes et eux et ses frères, ses premiers admirateurs. Une salle de la villa lui fut dédiée en tant qu'atelier, où Gabriella était libre de peindre ce dont elle avait envie. Parfois, elle prenait son lutrin ainsi qu'une toile et, accompagnée de son chaperon, elle sortait et allait peindre ici ou là. Ce qu'elle aimait, c'était des endroits de tous les jours. Une rue étroite et pavée avec un balcon fleuri, la vue de la mer d'une colline environnante, la fontaine de la place du marché... Un rien lui suffisait.

Quand elle eut 18/19 ans, elle fut autorisée à rejoindre Catherine Cornaro, ancienne reine de Chypre devenue duchesse d'Asolo. Elle accueillait des artistes dans sa villa immense, et c'est une expérience dont Gabriella se souviendra toute sa vie. C'est là-bas qu'elle tomba amoureuse la première fois, c'est là-bas qu'elle souffrit mille mort à cause de cet amour passionnel et destructeur, et c'est là-bas qu'elle se jura de ne plus jamais flancher pour ne plus jamais revivre ça. Paradoxalement, ses plus belles toiles ont été peintes à l'apogée de son mal être. Ce constat lui ôta toute envie de peindre. Fallait-il être torturé pour être un bon peintre?

Déprimée à son retour d'Asolo, elle se mura dans un mutisme qui ne lui était absolument pas familier, ce qui inquiéta ses parents. Dans l'espoir de lui remonter le moral, ils organisèrent bals sur bals, et si leur fille se montrait agréable et charmante lors de ces occasions, son sourire n'abusait pas ceux qui la connaissaient si bien, ses parents et ses frères. En désespoir de cause, son père lui offrit d'aller étudier la peinture à Venise. Il savait que sa fille avait toujours aimé les gondoles, les gondoliers avec leurs voix si fortes, le grand canal et le magnifique palais des Doges... S'il avait su qu'après cela, sa fille ne lui serait jamais rendue, il y avait fort à parier qu'il ne l'aurait jamais envoyée là-bas.

Aller vivre dans la lagune de Venise mit du baume au coeur de l'artiste. En suivant ses cours, elle redécouvrait l'amour de son art et le feu passionnel qui l'avait animée à son égard se ralluma très vite. Mieux encore, elle se servit de la violence des sentiments qui l'avaient détruite pour mieux renaître, et donner une dimension nouvelle à ses peintures. Assidue et attentive, elle mettait un soin particulier à acquérir les techniques que leur enseignait leur professeur. Elle n'était peut-être pas la meilleure sur le plan technique, mais c'était encore ses oeuvres qui dégageaient le plus de choses. Elle savait trouver le détail qui rendait sa peinture très intéressante.
Au bout de quelques mois, Venises n'avait plus de secrets pour elle. Elle pouvait aller et venir sans se perdre, connaissait les coins intéressants et où trouver quoi. Néanmoins, ses déambulations dans la ville la laissait toujours avec une drôle d'impression. Sa nuque frémissait toujours de la sensation d'être observée. Mais chaque fois qu'elle se retournait, il n'y avait rien, personne.

Jusqu'au jour où, alors qu'elle retournait à son hôtel, un jeune homme se présenta à elle. Il disait la voir assez souvent dans les rues, n'avoir jamais osé lui parler jusqu'à ce soir, et il lui offrit une rose. La jeune femme déclina poliment le présent, bien décidée à ne pas encourager qui que ce soit à s'intéresser à elle, tout comme elle ne voulait s'intéresser à personne. Mais l'homme qu'elle avait éconduit n'avait pas pour habitude de se voir repoussé, toute aussi douce eut été Gabriella lors de son refus, alors il insista. Chaque fois, la jeune femme essayait de décliner poliment ses avances, mais rien n'y faisait. Et puis, il dû se lasser. Du jour au lendemain, il disparut, rendant la jeune femme à sa vie première. Cette disparition lui laissa... Des sentiments partagés. D'un côté, elle était soulagée, de l'autre, elle était déçue de ne plus être le centre d'attention d'un homme. Ce sentiment, tout à fait féminin, lui fit ressentir une vive honte. Elle se détesta de s'être rendu compte d'avoir de la vanité. Elle se promit donc de ne jamais plus se montrer aussi pédante.

Sa révolution cependant, était vaine. Contrairement à ce qu'elle avait cru, l'homme en question ne s'en était pas allé courtiser d'autres femmes. Elle le revit, quelques jours plus tard, à un endroit où elle n'aurait jamais cru le voir: dans sa chambre. Elle y entra, la porte se referma sur elle, et tout devint noir...
Et puis, ce fut la souffrance. La souffrance physique. Une douleur telle que Gabriella n'en eut jamais connu de semblable. Mille morts en une avait-ils dit. Elle avait hurlé, elle s'était débattue, elle avait pleuré, imploré qu'on la tue, qu'on abrège ses souffrances... Rien n'y avait fait. Personne n'avait consentit à la libérer de cette douleur qui rampait dans ses veines tel un poison vénéneux, liquéfiait ses organes sur son passage et finalement, avait entraîné l'arrêt de son coeur...

En s'éveillant, transformée, la première chose qui la frappa fut la dimension nouvelle des choses, et un bruit assourdissant. Elle avait l'impression qu'un véritable vacarme régnait dans la pièce où elle se trouvait, alors qu'en vérité, il n'y avait aucun bruit, juste le clapotis de l'eau et les chants des gondoliers au dehors. Sa vue également lui donna l'impression qu'elle perdait la tête. Tout avait une dimension nouvelle, les couleurs étaient plus vives, avaient plus de nuances. Les contours des choses avaient une telle précision... Elle pouvait voir chacune de leurs aspérités. En proie à une inquiétude intense, elle se demanda ce qu'il se passait, puisque, de plus, le décor qui l'entourait n'avait rien de celui qu'était sa chambre. Elle se trouvait à présent dans le Palazzo des Volturri, c'est ce que lui apprit un dénommé Gabriele en venant à elle à son réveil.

Après cette nuit, plus rien n'a plus jamais été comme avant. Ont aidé Gabriella, ses facultés d'adaptation et sa vivacité d'esprit, son aptitude à comprendre les choses très rapidement. Elle en voulut beaucoup dans un premier temps à son créateur de l'avoir arrachée à sa vie, de l'avoir forcée à renoncer à sa famille, à ses aspirations, et elle ne manqua jamais une occasion de lui faire connaître sa colère, de tempêter contre lui. Mais à côté de ça, elle se montrait dévouée et essayait tout de même de faire des choses pour lui dans la mesure de ses moyens, quand il n'était pas là pour la voir, sinon ses colères auraient perdu toute once de crédibilité, n'est-ce pas? Cela dit, on ne pouvait rien cacher à l'un des trois frères, alors Gabriele fut très vite au courant du double jeu de la jeune femme. Pour y mettre fin, et sans doute parce que le travail que fournissait Gabriella était très appréciable, il en fit sa favorite. Ainsi, plus question pour elle de colérer contre lui, il était évident qu'il ne l'aurait pas choisie s'il n'avait pas été informé des actes de la jeune vampire... Non?